La sclérose en plaquesLe contrôle neurologique des fonctions sexuellesLiens avec les autres signes de la sclérose en plaques


sclérose en plaquesLa sclérose en plaques

Définition

La sclérose en plaques est une maladie inflammatoire développée contre la myéline (gaine) du système nerveux central (moelle épinière et cerveau).

La maladie affecte aussi les axones (fibres nerveuses). Elle est caractérisée par une évolution de gravité variable, par poussées* ou de façon progressive, pouvant toucher diverses régions du système nerveux central.

Il existe deux types de traitement : ceux qui sont curatifs de la maladie, c’est le « traitement de fond », ceux qui sont symptomatiques et vont traiter les conséquences gênantes de la maladie.

*épisodes cliniques de nature probablement inflammatoire de plus de 24 heures.

Fréquence, incidence, prévalence

Sa fréquence est variable selon les régions du monde, plus fréquente dans les régions tempérées. L’incidence en France se situe probablement entre 4 et 6 pour 100 000 habitants et par an et sa prévalence supérieure à 100 pour 100 000 habitants.

Causes

La cause de la maladie reste inconnue. Des facteurs de prédisposition génétique existent mais il ne s’agit pas d’une maladie héréditaire ; l’environnement dans lequel la personne a vécu, en particulier dans l’enfance, peut augmenter (ou diminuer) le risque de développer la maladie mais les facteurs environnementaux ne sont pas clairement identifiés.

Manifestations cliniques de la sclérose en plaquesManifestations cliniques

La sclérose en plaques est caractérisée par une grande diversité de manifestations cliniques (paralysies plus ou moins marquée des muscles, baisse de la sensibilité ou au contraire exagération gênante voire douloureuse de la sensibilité, troubles de l’équilibre, gênes visuelles…) et des modes évolutifs variés.

La maladie débute le plus souvent chez des jeunes adultes (entre 20 et 40 ans dans les 2/3 des cas). Il existe schématiquement deux modes évolutifs :

  1. des poussées avec apparition de nouveaux troubles en quelques jours et pouvant régresser complètement ou non, spontanément ou après des traitements spécifiques de la phase aiguë (par opposition aux traitement s de fond) et en particulier la corticothérapie,
  2. une évolution progressive, continue, insidieuse, d’emblée ou succédant à la forme évolutive précédente.

La maladie peut être bénigne ou sévère sur plusieurs années, selon la rapidité de l’évolution et les séquelles fonctionnelles.

Traitements

La meilleure compréhension des mécanismes immunologiques a permis le développement de nouveaux traitements de fond dont l’objectif est de stabiliser la maladie, et en particuliers d’agents immunomodulateurs surtout et immunosuppresseurs, mais certaines formes de la maladie échappent encore à la thérapeutique.

La prise en charge de la maladie ne relève pas que du traitement de fond mais aussi des nombreux traitements symptomatiques en fonction des signes cliniques développés par les patients. Il s’agit de façon caractéristique d’une maladie dont la gestion doit être multidisciplinaire.

traitements


état de flacciditéLe contrôle neurologique des fonctions sexuelles

L’état de flaccidité

A l’état de flaccidité (non-érection), les fibres musculaires de la verge sont contractées, du fait de l’activité d’un centre dit « sympathique » qui se situe dans la zone moyenne basse (thoraco-lombaire) de la moelle épinière.

L’érection

L’érection correspond par contre à une relaxation des fibres musculaires de la verge. Cet état est sous le contrôle du centre « parasympathique » situé à la partie très basse de la moelle épinière (sacrée).

A cette même zone sacrée est rattachée l’innervation qui permet de percevoir la sensibilité issue de la région génitale et qui contrôle les muscles de la base de la verge (bulbo-caverneux, ischio-caverneux) : ceux-ci interviennent de façon réflexe ou volontaire pour le maintien de l’érection et l’éjaculation.

L’érection réflexe

La stimulation sensitive de la région génitale favorise l’apparition d’une érection « réflexe » qui passe par le centre parasympathique qui va être stimulé et qui déclenche alors la relaxation des fibres musculaires du pénis : le sang artériel va combler les espaces ouverts par cette relaxation et conduit à une augmentation progressive de la pression, donc à la rigidité qui va être optimisée par les contractions des muscles de la base de la verge.

L’érection « psychogène »L’érection « psychogène »

Par opposition, ou plutôt en complément à l’érection réflexe, l’érection « psychogène » est sous le contrôle du centre thoraco-lombaire. Elle est déclenchée par des stimulations sensorielles (vue, odorat…) ou mentales (imagination, rêves…), avec une inhibition de l’activité sympathique.

Contrôle au niveau du cerveau

Au niveau du cerveau, des circuits complexes interviennent par la mise en jeu de diverses zones :

  1. sensitives qui distinguent les perceptions agréables et les discriminent de toute autre sensation
  2. motrices qui vont permettre de donner une réponse adaptée
  3. sensorielles
  4. affectives et comportementales, faisant intervenir des phénomènes innés et des éléments qui résultent de la culture et de l’éducation.

La résultante aboutit à une réponse active ou à une inhibition aux stimulations sexuelles.


éjaculationL’éjaculation

L’émission du liquide séminal est sous le contrôle du centre thoraco-lombaire, de même que la contraction de la prostate et des vésicules séminales avec la fermeture du col de la vessie lors de l’éjaculation. L’éjection clonique et saccadée du sperme, faisant notamment intervenir des contractions rythmiques des muscles du périnée, est sous le contrôle de la moelle épinière sacrée.


épines irritativesLes « épines irritatives »

De façon réflexe, une flaccidité peut survenir (ou une érection difficile à obtenir) du fait de la présence d’une « épine irritative », perçue ou non, dans la région concernée par la même innervation lombo-sacrée : ongle incarné, escarre, hémorroïde ou fissure anale, mauvaise vidange du rectum, rétention des urines, infection urinaire…

Cette physiologie concerne donc des régions qui correspondent à celles, depuis la moelle jusqu’au cerveau, qui sont touchées par la sclérose en plaques.

Conclusion

Le contrôle neurologique des fonctions sexuelles concerne donc des régions qui sont touchées par la sclérose en plaques, depuis la moelle jusqu’au cerveau.



sclérose en plaquesLiens avec les autres signes de la sclérose en plaques

Généralités

La sclérose en plaques est une maladie caractérisée par de nombreux symptômes, variables d’un patient à l’autre du fait de la localisation de l’inflammation à divers endroits du système nerveux central.

L’altération des fonctions sexuelles a un gros impact sur la qualité de vie des patients et l’analyse des échelles de qualité de vie montre que ces dysfonctions éloignent isolément les patients d’une qualité de vie « normale » de la population générale, indépendamment des autres gênes liées à la maladie.

Éléments à prendre en compte lors du traitement

Divers éléments interfèrent donc logiquement avec ces dysfonctions sexuelles, soit parce qu’elles induisent des difficultés de situation (positions sexuelles plus ardues à prendre et à maintenir) ou des difficultés de vécu d’une vie sexuelle modifiée.

Ces éléments, dont la prise en charge thérapeutique sera indispensable dans le traitement de la dysfonction sexuelle, sont :

  1. la fatigue, physique et /ou psychique, qui est un paramètre invalidant fréquent dans la sclérose en plaques ; un des facteurs aggravant cette fatigue est la situation de désadaptation à l’effort des patients qui ont tendance à éviter l’activité physique pour ne pas être fatigués mais, du coup, réduisent progressivement leurs capacités d’adaptation cardio-respiratoire et musculaire à réaliser une activité physique un tant soit peu soutenue. Cette fatigue constitue un argument de réduction de l’activité sexuelle dont l’amélioration pourrait au contraire réduire la sensation de fatigue, physique et aussi morale ;
  2. les problèmes moteurs : faiblesse motrice et/ou spasticité peuvent gêner l’accomplissement des actes sexuels: ils peuvent rendre difficiles certaines postures, les rendre instables, réduire la souplesse et la spontanéité de l’acte et peuvent aussi modifier l’image qu’eux-mêmes et leur partenaire se font d’eux ;
  3. les troubles sensitifs qui peuvent modifier les sensations sexuelles et favoriser la dysfonction érectile concernent aussi le corps plus globalement et vont alors majorer les difficultés motrices, par exemple du fait d’une mauvaise perception des membres inférieurs ;
  4. les altérations cognitives (mémoire, concentration…) sont aussi un facteur de dégradation de la vie sexuelle ; elles doivent être analysées, sont à dissocier des phénomènes psychologiques et notamment dépressifs (qui peuvent aussi être présents et sont aussi délétères pour la qualité de la vie sexuelle) et sont à rééduquer ;
  5. les douleurs, de divers types (neurologiques, articulaires, en rapport avec la spasticité…) créent un inconfort qui s’ajoute aux autres éléments pour ne pas motiver l’homme à entreprendre une activité sexuelle ; elles ne doivent jamais être considérées comme intraitables ;
  6. les problèmes périnéo-sphinctériens fréquemment associés, vésicales et/ou anales, aggravent l’inconfort notamment en cas de risque de fuite urinaire ou fécale

symptômes sclérose en plaques

La dysfonction érectile, c’est une affaire de couple

L’ensemble de ces éléments semblent d’autant plus invalidants que l’homme est installé dans une relation stable voire ancienne, du fait des modifications qu’ils induisent par rapport à des habitudes dans la pratique sexuelle. La prise en charge des troubles sexuels du patient a alors tout intérêt, pour être efficace, à concerner activement les deux partenaires.

qualité de la vie sexuelleLien entre sclérose en plaques et qualité de la vie sexuelle

D’une façon générale, l’interférence de ces divers éléments est montrée par le lien entre les échelles de handicap général (Mesure de l’Indépendance Fonctionnelle, score EDSS, auto-évaluation du handicap par le patient…) et la qualité de la vie sexuelle.

A l’inverse, il n’existe pas de lien direct montré entre la qualité de la vie sexuelle d’une part, la durée d’évolution de la maladie et la sévérité de l’atteinte neurologique d’autre part. Ceci montre que des mécanismes d’adaptation existent, spontanément et après traitement par des moyens médicamenteux et ré-éducatifs, et que des déficits éventuellement définitifs n’empêchent pas l’épanouissement sexuel.