Les implants péniens

La pose d’une prothèse pénienne relève de la chirurgie palliatrice et est proposée aux patients pour lesquels les traitements médicamenteux sont inefficaces ou mal adaptés à leur situation médicale. Il est important que le patient soit acteur de sa décision, notamment dans le choix de l’implant, et bien informé des risques de l’opération. L’ensemble des enquêtes réalisées rapportent un fort de taux de satisfaction, en particulier si le patient et sa/son partenaire ont été bien informés au préalable.

Un traitement de troisième ligne

Les dysfonctions érectiles touchent 150 millions d’hommes dans le monde et 3,5 millions en France (1). Leurs prévalences augmentent avec l’âge : de 1 à 9 % de 18 à 39 ans, de 2 à 30 % de 40 à 59 ans, de 20 à 40% de 60 à 69 ans et de 50 à 75% au delà de 70 ans (2). La prise charge de ces troubles reste trop peu assurée, d’une part les patients n’osent pas parler de leurs problèmes, et d’autre part les médecins n’abordent pas assez ces questions lors des visites de routine.

Le traitement de première intention pour les troubles de l’érection est le traitement médicamenteux par voie orale (Viagra, Cialis), ce traitement peut être contre-indiqué pour les personnes souffrant de pathologies cardiaques.

Le traitement de deuxième ligne est l’injection d’une molécule vasodilatatrice dans les corps caverneux.

Si ces traitements ne fonctionnent pas, ou ne sont pas recommandés pour le patient, la pose d’un implant pénien peut être proposée comme traitement de troisième ligne.

Les implants péniens : pour quels patients ?

L’implant pénien est recommandé lorsqu’il y a une cause médicale claire pour expliquer la dysfonction érectile, et lorsque que ce problème n’est pas susceptible de se résoudre avec d’autres traitements médicamenteux. Certains patients font également le choix de la pose d’un implant pour pallier au manque d’efficacité des traitements médicamenteux.

Les indications (2) les plus fréquentes pour la pose d’une prothèse pénienne sont des troubles cardio-vasculaires (35,3%) et le diabète (22,8%). Une autre indication, moins fréquente, est celle des patients ayant une subi une prostatectomie (16,5%) qui souffrent de dysérection et pour lesquels ni la rééducation ni les traitements médicamenteux n’ont été satisfaisants.

Il n’y a pas d’âge limite pour la pose d’une prothèse pénienne, toutefois, il est clair que cette option de traitement de troisième ligne doit se faire dans le cadre d’un parcours de soin, de concert entre le patient, sa/son partenaire et une équipe médicale expérimentée.

Les types d’implants péniens

implant-prothese-penis Il existe deux types d’implants péniens :

  •  Les prothèses semi-rigides
  •  Les prothèses gonflables deux pièces
  •  Les prothèses gonflables trois pièces

Les prothèses semi-rigides offrent une facilité d’utilisation (à prendre en compte pour les patients ayant une dextérité limitée). La verge est en constante érection, sa taille reste celle de la verge flaccide, le patient doit s’attendre à des douleurs post opératoire car le tissu pénien doit s’habituer à être en constante érection. L’aspect esthétique est peu naturel.

Les prothèses gonflables deux pièces sont composées de deux cylindres caverneux et d’une pompe scrotale. L’action de la pompe permet de remplir les cylindres d’un liquide physiologique et de déclencher l’érection. Ce type de prothèse est facile d’utilisation, toutefois le résultat esthétique n’est pas entièrement satisfaisant. L’érection et la flaccidité après érection sont moins complètes que celles obtenues avec une prothèse pénienne trois pièces.

Les prothèses gonflables trois pièces sont composées de deux cylindres intra-caverneux, une pompe scrotale et un réservoir placé derrière la vessie. Ce type d’implant donne le plus de satisfaction aux patients ; le réservoir permet d’envoyer un plus grand volume de sérum physiologique dans les cylindres et ainsi une meilleure efficacité d’érection. Ces prothèses permettent une augmentation de la longueur et du diamètre de la verge.

L’information aux patients

Le choix de la prothèse est pris en fonction des antécédents médicaux, de la demande du patient (esthétique, fréquence d’utilisation) et de sa dextérité.En effet, pour des personnes souffrant d’arthrose sévère ou d’obésité, pourront davantage bénéficier d’un implant semi-rigide. Il est particulièrement important que le patient et son/sa partenaire soit bien informés de l’opération et des risques de l’opération. L’opération de pose dure environ 1 heure, les complications sont celles inhérentes à toutes opérations chirurgicales.

Les principales complications sont :

– des infections possibles en post-opératoire : 6 à 7% (3) pour des patients sans facteurs de risques connus.

– des dysfonctions mécaniques peuvent apparaître au cours du temps après 15 ans 60% des implants ont nécessité une nouvelle intervention.

Le patient doit s’attendre à une diminution de la taille de la verge due au placement des cylindres dans le tissu intra-caverneux. Par ailleurs, si la prothèse doit être retirée, le patient ne pourra plus bénéficier des traitements médicamenteux pour les troubles de l’érection. Les prothèses péniennes présentent un taux de satisfaction très élevé de 79 à 98% (2)

Les questions des patients

Comment se passent les rapports sexuels avec une prothèse ?

Quand la pompe scrotale est activée, le cylindre se rempli d’un liquide physiologique qui permet au cylindre de gonfler, la verge devient rigide similaire à une érection naturelle. La pose d’un implant pénien ne modifie en rien la libido, l’orgasme ou l’éjaculation.

Les implants sont-ils efficaces ?

La pose d’un implant pénien permet d’avoir des érections rendant possible une pénétration. Le taux de satisfaction des prothèses gonflables est très élevé, de l’ordre de 79 à 98% (2)

Les prothèses péniennes sont-elles sûres ?

La pose d’une prothèse pénienne est réalisée par des chirurgiens entraînés. Toutefois, si les risques sont contrôlés, il n’y a pas d’opération chirurgicale sans risques. Les complications majeures possibles après la pose d’un implant sont les infection et les dysfonctionnements mécaniques


Références :

1. Dr Pierre Bondil, La dysfonction érectile, édition John Libbey Eurotext (2004)

2. AIHUS, recommandations aux médecins, 2010.

3. Dr Sébastien Beley, site internet urofrance